(Montréal) Le gouvernement du Québec a annoncé jeudi la prolongation pour 10 ans du crédit d’impôt pour le développement des affaires électroniques (CDAE), dont le coût annuel est présentement d’environ 230 millions de dollars.
Créé en 2008, le CDAE devait prendre fin le 31 décembre 2015. Le renouvellement annoncé hier le prolonge jusqu’en 2025.
«Les entreprises de ce secteur signent souvent des contrats pour de très longues périodes, a expliqué en entrevue à La Presse le ministre des Finances, Nicolas Marceau. Pour leur permettre d’avoir un climat d’affaires prévisible, nous avons commencé à travailler dès l’automne passé sur ce renouvellement. »
Une étude commandée à l’automne par 14 firmes du secteur à la société Raymond Chabot Grant Thornton estimait à 253 millions les retombées fiscales totales, pour les deux ordres de gouvernement, de la mesure en 2011.
Elle avait bénéficié à 634 entreprises, touché 11 650 emplois et était directement responsable de la création ou du maintien du tiers d’entre eux, selon cette étude.
Secteur névralgique
Le CDAE prévoyait un crédit d’impôt remboursable de 30% des salaires d’employés admissibles, jusqu’à concurrence de 20 000$ par employé. Ce taux est maintenu, mais le plafond a été indexé à 22 500$.
Quelques ajustements ont aussi été faits pour clarifier la nature des activités jugées admissibles au crédit.
Pour M. Marceau, il était capital d’aider ce secteur, responsable d’environ 4% du produit intérieur brut (PIB) québécois.
« C’est un secteur qui est né au Québec en bonne partie grâce à l’intervention du gouvernement à la fin des années 90. Nous avons maintenant une masse critique et c’est quelque chose de très précieux. »
L’aide gouvernementale est toujours nécessaire en dépit de l’implantation de cette masse critique, poursuit-il.
« La lutte est féroce. Les juridictions luttent très fort pour attirer des investissements ou délocaliser des investissements qui sont déjà ailleurs. Certains croient qu’on ne devrait pas jouer ce jeu-là, mais je pense qu’on n’a pas tellement le choix. Il y a d’autres juridictions qui essaient d’attirer nos entreprises, et on ne peut pas rester là à ne rien faire. »
Les représentants des 14 entreprises qui s’étaient regroupées sous la bannière des Entreprises engagées en développement des affaires électroniques se sont évidemment dits très satisfaits de cette annonce.
« Nos sommes très fiers du résultat », a réagi René Lebel, directeur général de Keyrus, société française de consultation qui compte une centaine d’employés à Montréal.
« Ce crédit nous permet, entre autres, de développer de nouveaux secteurs d’activité qui, sans lui, n’auraient pas été pertinents ou auraient été inatteignables. »
Jean-François Coderre. 2013. La Presse, Montréal, 12 juillet 2013.
Voici le texte complet des changements de la RS&DE que l’on peut trouver dans la section 3.1 du budget sous les rubriques « Simplifier l’assiette de dépenses servant au calcul du crédit d’impôt » ainsi que « Améliorer le rapport coût-efficacité »:
Le Plan d’action économique de 2012 propose de simplifier le Programme d’encouragements fiscaux pour la RS&DE en éliminant les dépenses d’immobilisations de l’assiette de dépenses.
Les règles régissant l’admissibilité des dépenses d’immobilisations représentent l’élément de conformité le plus complexe pour les entreprises. Dans le but de simplifier le Programme, le Plan d’action économique de 2012 propose de réduire l’assiette de dépenses admissibles en éliminant les dépenses d’immobilisations. Les autres composantes demeureront admissibles, notamment les traitements et les salaires, les coûts relatifs au matériel, les frais généraux et les paiements contractuels. Ce changement proposé s’appliquera aux dépenses d’immobilisations engagées à compter de 2014.
Le Plan d’action économique de 2012 propose d’améliorer le rapport coût-efficacité du Programme d’encouragements fiscaux pour la RS&DE en apportant deux améliorations à la conception du Programme et en prévoyant une réduction mesurée du taux général du crédit d’impôt.
Afin d’améliorer le rapport coût-efficacité, le Plan d’action économique de 2012 propose d’apporter deux améliorations à la conception du Programme afin que le crédit d’impôt accordé corresponde davantage aux dépenses réelles des entreprises dans le cadre de projets de RS&DE et de prévoir une réduction contrôlée du taux du crédit d’impôt général.
Les deux améliorations de nature conceptuelle influeront sur le calcul des frais généraux et des paiements contractuels entre personnes sans lien de dépendance :
Le Plan d’action économique de 2012 propose également de réduire le taux général de crédit d’impôt à l’investissement pour la RS&DE. Les réductions récentes des taux d’imposition du revenu des sociétés (qui sont passés de 22,12 % en 2007 à 15 % en 2012) ont eu pour effet de rendre le Programme d’encouragements fiscaux pour la RS&DE proportionnellement plus généreux. Ceci a eu pour résultat d’accroître les comptes de crédit d’impôt à l’investissement inutilisés. À compter du 1er janvier 2014, le taux général de crédit d’impôt à l’investissement pour la RS&DE sera ramené de 20 % à 15%.
En résumé, à la suite du dépôt du budget fédéral 2012, nous pouvons constater que :
Voir tous les détails du plan budgétaire relatifs aux aides aux entreprises ou à la recherche au Canada dans la Chapitre 3, Soutenir l’Emploi et la Croissance, sections 3.1, Appuyer l’Entrepreneuriat, l’Innovation et la Recherche de Calibre mondial en suivant ce lien.
http://www.budget.gc.ca/2012/plan/chap3-1-fra.html
Conclusion. Hormis les dépenses en immobilisations l’ensemble des autres dépenses de salaires, matériels, frais généraux et paiements contractuels demeurent admissible mais avec des taux réduits pour les grandes entreprises.
En bref la RS&DE demeure très généreuse. Le programme demeure l’incitatif le plus généreux offert aux sociétés canadiennes, notamment lorsque il est combiné aux programmes provinciaux de crédit d’impôt à la R&D. En 2011 le programme RS&DE a apporté plus de 3,6 milliards en crédits d’impôts à plus de 24,000 entreprises.